Son éclairage sur le métier et ses perspectives d’évolutions.

Bonjour Dereck, peux tu te présenter rapidement ? Toi, ton parcours…
Dereck: Bonjour et merci ! Je m’appelle Dereck CARRILLO, j’ai 40 ans, je suis marié et père de 3 enfants. Je suis dans les métiers de la sécurité/sûreté depuis plus de 20 ans maintenant. Après un engagement volontaire au sein de l’armée de terre, j’ai exercé en France et à l’étranger. De la protection physique des personnes, du conseil aux entreprises en passant par la gestion de la prévention des risques sûreté pour des institutions publiques. Mon parcours m’a amené à me diriger vers la formation professionnelle pour adulte afin d’accompagner différent publique à travailler en sécurité dans des zones à risques.
Pourquoi sépares tu systématiquement la sécurité et la sûreté ?
Dereck: Très bonne question ! La terminologie dans notre métier mérite d’être éclaircie. Dans le langage courant le terme « sécurité » englobe l’ensemble des item relatif à la protection des biens, des personnes et de l’environnement. Or, la sécurité désigne la prévention des risques accidentels comme le risque incendie par exemple. La sûreté, c’est la prévention des actes de malveillances, là où il y a une intention de nuire. Je penses qu’il est important de faire une distinction claire de ces deux termes afin de savoir de quoi l’on parle.

Aujourd’hui notre secteur peine à recruter. Selon toi pourquoi ?
Dereck: Pour moi la réponse est simple. Le métier d’agent de sécurité n’est absolument pas valorisé ! Dans l’imaginaire collectif, lorsque l’on parle d’un agent de sécurité, les plupart des personnes s’imaginent un type en bombers sur un parking, qui ne réfléchi pas beaucoup et qui ne sert pas à grand chose. Pire, je bondis lorsque j’entends le terme « vigile » en parlant d’un ADS. Ce terme est l’équivalant de « boniche » pour un agent d’entretien. C’est dégradant, péjoratif, et temps que la société ne reconnaitra pas la valeur de ce métier, rouage essentiel de la sécurité globale, les choses n’avanceront pas. Concrètement, Il n’est pas valorisé par les donneurs d’ordres, qui souhaitent bénéficier d’une expertise sans en payer le prix. Il n’est pas valorisé par les entreprises de sécurité qui acceptent de pratiquer le dumping de prix et de vendre à des taux de marges ridicules voire négatifs. Le tout résultant à des salaires qui ne peuvent donc pas être augmentés, malgré des conditions de travail compliquées et un savoir-faire propre.
La branche privée de la sécurité continue de manquer cruellement de moyens humains. À l’heure actuelle, le recrutement est une véritable galère pour les entreprises. Centres commerciaux, organisateurs d’événements, supermarchés… de nombreuses sociétés connaissent des difficultés à embaucher. La RATP en est un exemple criant : sur les 100 postes d’agents de sûreté ouverts en 2022, seuls 20 avaient été pourvus début septembre…
Comment cela va évoluer pour 2024 voir 2025 ?
Dereck: Si les lignes semblent bouger côté rémunération, il en va de même pour l’amélioration concernant le recrutement. Après de multiples échanges, l’espoir est enfin là. Le 28 septembre 2022, six des sept organisations syndicales ont signé l’accord de revalorisation salariale, dont l’application devait être prévue pour janvier 2023. L’ensemble de la grille dans la branche prévention-sécurité bénéficiera ainsi d’une augmentation de salaire de 7,5 %. La filière reste toutefois sur ses gardes face à cette petite victoire. Ce premier pas doit s’inscrire dans une démarche plus large, afin d’éviter que la hausse du bulletin de paie soit rapidement rattrapée par l’inflation galopante en 2023. D’après le Groupement des entreprises de sécurité (GES), la signature de l’accord est de bon augure pour poursuivre la revalorisation des classifications des métiers et des compétences.
Reste le défi JO 2024 ou les besoins en recrutement sont énorme. Il manque aujourd’hui 25 000 agents pour assurer les dispositifs. Nous verrons si les pouvoirs publiques ainsi que les sociétés privées seront capable de relever le défi.
Je suis optimiste pour l’avenir. Les pouvoirs publiques ainsi que la société en générale, commence à comprendre l’intérêt stratégique de notre secteur d’activité.

Comment devient on agent de sécurité/sûreté ?
Dereck: L’agent de sécurité et de surveillance est un métier accessible à partir de formations de niveau V de type CAP et BEP dans les domaines de la prévention et de la sécurité. L’accès au métier le plus rapide se fait par un CQP de 175h. La formation est obligatoire afin d’obtenir la carte professionnelle délivré par le CNAPS
Pour obtenir le droit d’exercer et donc cette carte pro, il faut être majeur, casier B2 vierge, pas de mention sur le fichier de traitement des antécédents judiciaire (TAJ) de la police et de la gendarmerie, savoir parler et écrire le français, résider sur le territoire national depuis plus de 5 ans.
