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La triade létale. De l’importance de la gestion de l’hypothermie dans la prise en charge de l’hémorragie.

« Pensez comme des ingénieurs !« . Voilà une phrase que je répète souvent en stage afin de sensibiliser les apprenants à « comprendre comment ça fonctionne pour savoir comment agir« . Et il est de ces sujets qui méritent cette véritable approche lorsque l’on parle de prise en charge pré-hospitalière, surtout en contexte dégradé, et c’est le cas du choc hémorragique et plus particulièrement de ce que l’on appelle la triade létale.
Comprendre ces mécanismes porte un nom: La physiopathologie.
La physiopathologie est l’étude des mécanismes fonctionnels par lesquels une maladie ou une lésion perturbe l’équilibre normal de l’organisme (homéostasie). Elle établit le lien entre l’étiologie ( les causes et origines de la « maladie ») et ses conséquences observables ( signes clinique).
Cet article est volontairement dense afin de vous offrir une vision approfondie des processus à l’œuvre dans le corps humain lors d’un choc hémorragique : les mécanismes qui se déclenchent, les compensations mises en place, et la raison pour laquelle vous adoptez certains gestes. Notamment, pourquoi il est important de prévenir l’hypothermie dans ce contexte.
Promis, après cette lecture, vous ne verrez plus votre couverture de survie de la même façon !
La Triade létale, qu’est ce que c’est ?
Certains l’appelle également « Triade de la mort« , il s’agit de trois conditions physiopathologiques interconnectées, un cercle vicieux, qui peut conduire au décès du patient si aucunes actions appropriées n’est mises en place dans un certain délai, variable en fonction de l’état initial de la victime. Celles ci sont l’hypothermie, l’acidose métabolique et la coagulopathie. Un bon dessin valant mieux qu’un -trop- long discours, voici un schéma décrivant cette (in)fameuse triade létale:

La triade létale Lorsqu’un patient est victime d’une hémorragie, celui ci commence à perdre de la température corporelle, c’est ici le point d’entrée dans ce cercle vicieux.
Observons d’abord par quels mécanismes physiopathologiques et biochimiques cela se produit. Accrochez-vous, on va rentrer dans le dur !
Physiopathologie de la Perte de Température lors d’un Choc Hémorragique
Perte de Chaleur par Mécanismes Physiques
Une hémorragie entraine une baisse de la température corporelle par plusieurs mécanismes.
Tout d’abord, la diminution du volume sanguin circulant.
- À savoir que le sang est le principal vecteur de chaleur dans l’organisme, une perte de volume sanguin diminue la capacité à distribuer la chaleur aux tissus.
- Une diminution du débit cardiaque réduit la perfusion périphérique, et de ce fait, aggrave la dissipation thermique
Le corps étant une machine formidable, celui ci va mettre en place des mécanismes compensateurs.
- En réponse à l’hypovolémie (baisse du volume sanguin), le système nerveux sympathique déclenche une vasoconstriction pour préserver la perfusion des organes vitaux (cerveau, cœur). (Voir)
- Cette vasoconstriction cutanée et musculaire réduit la production de chaleur en limitant la circulation sanguine aux extrémités. Les mains et les pieds deviennent alors froids, le temps de recoloration cutanée (TRC) commence à augmenter.
En causes externes, nous pourrions ajouter que la victime est exposée à son environnement, et au regard de son état, y est plus exposée (sols froids, vent, humidité…), le sang s’évaporant de la peau de la victime accélère la perte calorique par convection. Lors de la prise en charge, l’administration de solutés froids non réchauffés aggravera encore un peu plus cette chute de température corporelle.
Effets Biochimiques de l’Hémorragie sur la Régulation Thermique
L’hémorragie perturbe les systèmes biochimiques maintenant une température corporelle stable (homéothermie).
Dysfonction du Centre Thermorégulateur
- Le centre hypothalamique, régulateur principal de la température (entre autre), est hypoperfusé en cas de choc.
- Cette hypoperfusion entraîne une altération du signal nerveux maintenant la production de chaleur. Il ne joue plus son rôle de centre régulateur.
Diminution de la Thermogenèse Métabolique
Diminution de la production d’ATP
- Le choc hémorragique entraîne une hypoxie cellulaire (Apport en oxygène insuffisant).
- La production d’ATP (adénosine triphosphate) par phosphorylation oxydative diminue ce qui engendre une baisse du métabolisme basal donc moins de chaleur produite. (source)
Le métabolisme passe alors à un fonctionnement en anaérobie.
- Le manque d’oxygène force les cellules à utiliser la glycolyse anaérobie ( fractionnement des glucides pour produire de l’énergie).
- Ce métabolisme produit moins d’ATP et favorise l’accumulation d’acide lactique
- Une acidose inhibe les enzymes impliquées dans la thermogenèse et le métabolisme mitochondrial.
Altération des hormones thermogéniques
- Le stress physiologique entraîne une libération d’adrénaline et de cortisol, mais la perte sanguine limite leur effet.
- Les hormones thyroïdiennes (T4 convertie en T3), qui régulent, entre autre, la production de chaleur, sont moins actives en raison de la mauvaise perfusion des tissus endocriniens.
Comme vous pouvez le constater, la chute de la température de la victime, considérée comme étant une hypothermie en dessous de 35 °C, ne se limite pas à une sensation de froid et d’inconfort pour le patient. Un ensemble de réactions et de mécanismes en cascade se mettent à l’œuvre, qui vont aggraver son état, et l’attirer inexorablement vers… la mort.
L’acidose métabolique
En conséquence directe de cette perte de chaleur, l’équilibre acido-basique s’en trouve perturbé. L’acidose métabolique correspond à une diminution du pH sanguin (< 7,35) associée à une diminution du bicarbonate plasmatique.
Origine de l’Acidose dans l’Hémorragie
Hypoperfusion et Métabolisme Anaérobie
- La perte de sang réduit la pression artérielle et le débit cardiaque.
- La perfusion des organes diminue : les tissus ne reçoivent plus assez d’oxygène pour fonctionner en aérobie.
- Les cellules passent alors au métabolisme anaérobie, qui produit :
- Acide lactique
- Moins d’ATP, donc inefficacité cellulaire
- Chute du pH intra- et extra-cellulaire
Accumulation de Lactate
- L’acide lactique est normalement métabolisé par le foie (cycle de Cori).
- En cas d’hypoperfusion hépatique, ce recyclage est ralenti, favorisant l’acidose lactique.
- Le lactate plasmatique devient un marqueur de gravité dans le choc hémorragique.
Mécanismes Biochimiques de l’Acidose Métabolique
Réactions clés :
Nous constaterons ici la réaction de glycolyse anaérobie, c’est-à-dire la transformation d’une molécule de glucose en deux molécules d’acide lactique. Pendant cette transformation, des ions H⁺ sont libérés et s’accumulent, ce qui entraîne une diminution du pH sanguin.
C6H12O6 (glucose) → 2 CH3CHOHCOOH (acide lactique)
→ Production d’ions H⁺ → Baisse du pH sanguinImpact cellulaire :
- Inhibition enzymatique dans les mitochondries (cycle de Krebs, chaîne respiratoire)
- Baisse de la production d’ATP
- Hausse du stress oxydatif
- Hausse de la perméabilité membranaire, ce qui engendre une fuite ionique
- Risque de lyse cellulaire et de défaillance multiviscérale
Vous l’avez compris, cette acidose induite par l’hémorragie en elle même et aggravé par l’hypothermie va engendré un autre phénomène: La coagulopathie.
La coagulopathie
Pour mieux comprendre le principe de coagulopathie, il faut aborder ce que l’on appelle « la cascade de coagulation ».
La Cascade de Coagulation : Un Processus en 3 Phases
Elle repose sur une série d’activation enzymatique qui transforme un saignement en un caillot stable. Elle comprend trois grandes étapes :
Hémostase Primaire (Formation du Clou Plaquettaire)
- Lorsqu’un vaisseau sanguin est lésé, les plaquettes adhèrent à la paroi grâce au facteur de von Willebrand.
- Elles s’activent et s’agrègent pour former un clou plaquettaire temporaire (hémostase primaire).
- Ce clou est fragile et doit être stabilisé par la fibrine, produite lors de l’hémostase secondaire.
Hémostase Secondaire (Cascade de Coagulation)
La cascade de coagulation implique une activation séquentielle de protéines appelées facteurs de coagulation, qui aboutit à la formation de fibrine, stabilisant ainsi le caillot.
Elle suit deux voies principales qui convergent vers une voie commune :
Voie Extrinsèque (Facteur Tissulaire)
- Déclenchée par une lésion externe des vaisseaux.
- Le facteur tissulaire (FT ou Facteur III) libéré par les cellules lésées active le facteur VII, qui active ensuite le facteur X.
- Cette voie est rapide, mais produit peu de thrombine.
Voie Intrinsèque (Contact Sanguin)
- Déclenchée par un dommage interne des vaisseaux sanguins.
- Le facteur XII (Hageman) active une cascade impliquant les facteurs XI, IX et VIII, qui activent ensuite le facteur X.
- Cette voie est plus lente, mais produit beaucoup plus de thrombine.
Voie Commune (Production de Fibrine)
- Le facteur X activé (Xa) transforme la prothrombine (facteur II) en thrombine.
- La thrombine convertit le fibrinogène (facteur I) en fibrine, qui forme un réseau stabilisant le caillot.
- Le facteur XIII consolide les liaisons entre les fibres de fibrine, rendant le caillot plus solide.
Fibrinolyse (Dissolution du Caillot)
Une fois la guérison avancée, le corps doit éliminer le caillot :
- La plasminogène est activée en plasmine, une enzyme qui dégrade la fibrine et dissout le caillot.
- Cela évite l’obstruction prolongée du vaisseau et favorise la cicatrisation.
Une vidéo illustre ce paragraphe plus en détail en suivant ce lien.
La coagulopathie est donc un dysfonctionnement du système hémostatique entraînant une incapacité à former un caillot efficace pour arrêter l’hémorragie.
Physiopathologie : Mécanismes Intriqués
Activation systémique de la coagulation
- Lors d’un traumatisme sévère, les cellules endothéliales sont lésées :
- Libération de facteurs tissulaires (TF)
- Déclenchement de la voie extrinsèque de la coagulation
- Cela provoque une activation massive de la thrombine (FIIa) pour la formation initiale de caillots
- Mais cette activation non contrôlée épuise rapidement :
- Les facteurs de coagulation
- Le fibrinogène
- Les plaquettes
Hyperfibrinolyse
- L’activation de la protéine C (Inhibiteur de la coagulation) par la thrombomoduline endothéliale dégrade :
- Facteurs Va et VIIIa → inhibition de la coagulation
- Hausse des Plasminogène → ↑ plasminogène activator (t-PA) → plasmin → fibrinolyse excessive
- Résultat : Destruction prématurée des caillots
Hypothermie
- Elle ralentit les réactions enzymatiques de la coagulation (en particulier < 34°C)
- Perturbe l’agrégation plaquettaire
- Amplifie les troubles hémostatiques
Acidose
- pH < 7,2 réduit significativement l’activité enzymatique des facteurs de coagulation
- Inhibe la production de thrombine
- Altère l’adhésion et l’activation plaquettaire
Dilution
- L’administration excessive de solutés cristalloïdes ou colloïdes dilue :
- Les facteurs de coagulation
- Le fibrinogène
- Les plaquettes
- Résultat : hémostase inefficace
Consommation et carences
- Les saignements massifs entraine une consommation rapide des facteurs
- Carence en calcium (cofacteur enzymatique) si perfusion avec citrates entrainera une réduction de la coagulation
Pour aller plus loin
Prévenir cette Triade Létale.
Agissant toujours dans le cadre du Damage Control, vous allez « traiter en premier ce qui tue en premier« .
Il est donc prioritaire de stopper l’hémorragie. On ne perd pas de temps en pré-hospitalier, c’est l’hémostase qui sauve le patient, ou du moins, qui augmente grandement ses chances de survie.
Cependant, une fois le « robinet fermé », les conséquences de cette perte de volume sanguin subsistent !

Comme je le disais en début de cet article: « Pensez comme des ingénieurs !« . Maintenant que vous savez comment tout cela fonctionne, voyons comment régler ces problèmes.
En pré-hospitalier
Après avoir stopper le saignement, il va falloir protéger la victime du froid. Pour cela il existe plusieurs solutions, matériels, techniques et astuces que vous allez pouvoir utiliser. Je ferais un focus sur ce point en fin d’article.
Un accès veineux sera simultanément posé (si personnel formé et habilité). En cas d’echec en périphérique (2 fois), un dispositif IO (intra osseux) sera utilisé.
Les différents moyens et objectifs thérapeutiques sont décris dans le tableau ci dessous.
Phase Objectifs Moyens thérapeutiques Pré-hospitalier
Remote damage controlStopper le saignement – Garrot
– Compression manuelle
– Pansements hémostatiques ± procoagulants
– Suture cutanée
– Ceinture pelvienneÉviter l’hypothermie – Protéger du froid et/ou de la pluie
– Isoler du sol
– Limiter le temps à l’extérieur
– Sécher et couvrir
– Vecteur de transport chauffé
– Solutés chauffésAccès veineux – 2 VVP ≥ 18 G- Intraosseux (épaule > tibia) si 2 échecs VVP Hypotension permissive – Objectif PAS > 80 mmHg (ou > 100 mmHg si TCG)
– Remplissage : 1–1,5 L de cristalloïdes (NaCl 0.9 % ou Ringer Lactate)
– Noradrénaline précoceAntifibrinolyse – Acide tranexamique < 3 h post-trauma :→ 1 g IV sur 10 min, puis 1 g sur 8 h Coordination vers plateau technique – Régulation vers un centre adapté (chirurgie, endovasculaire) ⚠️ Priorité absolue « Le geste d’hémostase sauve, pas le remplissage » Sur la structure de soins
Phase Objectifs Moyens thérapeutiques À l’hôpital
Damage control resuscitationRéanimation et bilan lésionnel – Suivi hémodynamique et thermique
– Réchauffement actif (objectif T° > 34 °C)
– Réchauffer les produits transfusésSoutien tensionnel – Amines (selon objectifs tensionnels) Transfusion massive – CGR pour Hb cible 7–9 g/dL
– PFC ou plasma lyophilisé (ratio 1:1 avec CGR)- Fibrinogène > 1,5 g/L
– Plaquettes > 50 000 (ou > 100 000 si TCG)Équilibre métabolique – pH cible > 7,2
– Calcium ionisé > 1 mmol/L : gluconate ou chlorure de calciumChirurgie ou radiologie interventionnelle – Damage control surgery (DCS)
– Hémostase chirurgicale rapide
– Hémostase endovasculaire (embolisation)FOCUS: Gérer l’hypothermie, un geste à la portée de tout secouriste !
Que ce soit dans nos stages ou chez des confrères, j’ai souvent remarqué une chose. Lors des ateliers et exercices pratiques, les apprenants ont souvent tendance à « caser » la gestion de l’hypothermie au second plan. Le geste que l’on réalise « à la fin » de l’action de secours. La cerise sur le gâteau pour montrer « qu’on a tout bien fait ».
Pire encore, parfois cette gestion de la température corporelle est tout simplement occultée ou réduite à la simple pose d’une couverture de « survie » sur la victime.
En effet, même dans le protocole MARCHE, la gestion de l’hypothermie vient après pas mal de choses.
Et pourtant… Les algorithmes et protocoles, indiquent évidemment un ordre de priorité afin d’être en accords avec la philosophie du Damage Control, mais rien n’empêche de faire les choses simultanément !
Voir même de les anticiper !
Maintenant que vous connaissez de manière approfondie ce mécanisme de triade létale, vous avez clairement compris la nécessité absolue d’éviter que la victime se refroidisse. Cela doit devenir automatique: « Je coupe le robinet, je regarde que l’air passe dans les tuyaux, et pendant que je prépare le reste, je fais en sorte que la victime se réchauffe ou à minima, qu’elle ne se refroidisse pas plus.«
Comment lutter contre l’hypothermie ?
Les moyens improvisés:
Isoler du sol : c’est la priorité. Le sol aspire la chaleur corporelle par conduction. Un corps en contact direct avec le sol perd deux fois plus de chaleur que par l’air (convection).
Utilisez une veste, un sac, une chemise, un carton, un tapis de voiture, tout ce qui crée une couche isolante.Limiter l’exposition à l’air : le vent et les mouvements d’air accélèrent les pertes thermiques. Protégez au maximum la victime avec ce que vous avez sous la main.
Sécher et déshabiller en cas d’humidité : si la victime est mouillée, les pertes de chaleur sont massives et très rapides. Il est préférable de retirer les vêtements mouillés et de sécher la peau, avant de la couvrir à nouveau.
Position allongée, au chaud : si la victime est consciente, mobilisable, et sans suspicion de traumatisme rachidien ou crânien, déplacez-la dans un endroit abrité (hall d’immeuble, pièce chauffée, etc..). Allongez-la, car cela limite la demande cardiaque et prévient les malaises liés à la perfusion défaillante des organes.
Utiliser les ressources du groupe : chaque personne autour de vous a potentiellement une veste, un vêtement, ou une ressource thermique à prêter !
La couverture de survie:
Les couvertures de survie sont des incontournables des kit de premiers secours. La plus connue d’entre elles est certainement la couverture en alu, doré et argenté, que l’on voit partout. Cependant, son efficacité, et la technique de pose enseignée depuis de nombreuses années sont largement remises en question de nos jours. J’ai d’ailleurs écrit un article à ce sujet ici.
À savoir que toutes les couvertures de survie ne se valent pas ! Il existe aujourd’hui des couvertures chauffantes très performante et qui ne prennent que peu de place. C’est le cas par exemple du HPMK-I de North American Rescue. Vous trouverez un descriptif de ce produit ici.

HPMK-I de North American Rescue Les chaufferettes
Un indispensable à avoir selon moi dans son sac, les chaufferettes permettrons d’aider à maintenir la température corporelle de la victime à un niveau acceptable, permettra d’aider à réchauffer vos solutés, mais également vous protègera de l’hypothermie en auto sauvetage !
L’idée est de les placer aux plis de l’aine et des aisselles, au contact de l’artère fémorale et humérale.
Pour réchauffer les fluides, placez votre poche en « sandwich » entre deux chaufferettes, maintenus par du sparadrap.

Des chaufferettes placés aux endroits stratégique aidera à prévenir l’hypothermie. Une couverture de survie sera bien sûr utilisé par dessus, directement à même la peau. Références et remerciements:
Je remercie grandement le Docteur THELLIER Dimitri, pour son aide concernant la cascade de coagulation ainsi que pour les ressources médicale transmises, qui m’ont grandement aidées à la rédaction de cet article. Dr THELLIER est également consultant et formateur, pour en savoir plus voici le lien de son site internet DTMEDS.
[1] Levrat A, Defournel C, Savary D, David JS. Anomalies de la coagulation et traumatisme grave. Urgences 2010;54:619-37.
[2] Cosgriff N, Moore EE, Sauaia A, et al. Predicting life-threatening coagulopathy in the massevely transfused trauma patient: hypothermia and acidoses revisited. J Trauma 1997;42(5):857-62.
[3] Evans JA, van Wessem KJP, McDougall D, et al. Epidemiology of traumatic deaths: comprehensive population-based assessment. World J Surg 2010;34(1):158-63.
[4] Fröhlich M, Mutschler M, Caspers M, et al. Trauma-induced coagulopathy upon emergency room arrival: still a significant problem despite increased awareness and management? Eur J Trauma Emerg Surg 2019;45(1):115-24.
[5] Meng ZH, Wolberg AS, Monroe DM 3rd, Hoffman M. The effect of temperature and pH on the activity of factor VIIa: implications for the efficacy of high-dose factor VIIa in hypothermic and acidotic patients. J Trauma 2003;55(5):886-91.
[6] Ferrara A, MacArthur JD, Wright HK, et al. Hypothermia and acidosis worsen coagulopathy in the patient requiring massive transfusion. Am J Surg 1990;160(5):515-8.
[7] Pottecher J, Lefort H, Adam P, et al. Guidelines for the acute care of severe limb trauma patients. Anaesth Crit Care Pain Med 2021. À paraître.
[8] Garrigue-Huet D, Ausset S, Bliem C, et al. Indications de transfusion de plasmas lyophilisés (Plyo) chez un patient en choc hémorragique ou à risque de transfusion massive en milieu civil (adulte, enfant et nouveauné). Société française d’anesthésie et de réanimation. 2020. https://sfar.org/download/indications-detransfusion-de-plasmas-lyophilises-plyo-chez-un-patient-en-choc-hemorragique-ou-a-risque-de-transfusionmassive-en-milieu-civil-adulte-enfant-et-nouveau-ne/?wpdmdl=30312&refresh=60b3b651930081622390353.
[9] Malgras B, Prunet B, Lesaffre X, et al. Damage control: concept and implementation. J Visc Surg 2017;154 Suppl 1:S19-29.
[10] Julien C, Chauvin A, Didelot N, et al. Pansements hémostatiques procoagulants et hémorragies. Rev Infirm 2021;70(273):23-6.
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Stage TECC – Care Under Fire + Module Drone, ce qu’il faut savoir !

Le TECC (Tactical Emergency Casualty Care) est une version civile du TCCC (Tactical Combat Casualty Care). C’est une approche dite « tactique » d’une action de secours dans un contexte dégradé, ou les différents systèmes de support ne seront pas, ou pas immédiatement disponible en raison des conditions sécuritaires, de l’ampleur exceptionnel de l’événement et/ou du fait de l’éloignement important de l’action de secours.
Il se décline en plusieurs phases, correspondants à la temporalité de l’action en prenant en compte la composante tactique de la situation: Le CUF (Care Under Fire), Le TFC (Tactical Field Care) et le TACEVAC (Tactical Evacuation).

Les 3 phases de l’action de secours en conditions dégradées ©Dereck Carrillo Taranis Global À chaque phase, corresponds une zone d’action déterminée par la situation en elle-même, et des gestes techniques appropriés.
Le CARE UNDER FIRE, la phase qui va conditionner le succès de l’action de secours.
Dès la survenance de l’événement, les intervenants seront exposés à des risques et à des choix. Pour les aider dans leur action, des algorithmes ont été adoptés, ce qui leur permettra de prendre la décision d’intervenir ou de ne pas intervenir, d’assurer leur sécurité et la sécurité de la ou des victimes, de minimiser le risque de pertes supplémentaire, d’effectuer un triage simple, et de prodiguer les premiers gestes. Ces premiers gestes de secours permettront de traiter les premières causes de décès évitable en accord avec les principes du Damage Control: Traiter en premier ce qui tue en premier.
La traduction littérale du CUF est: Soins sous le feu. Cette traduction n’est pas à prendre au pied de la lettre ! C’est une expression imagée indiquant les premiers gestes à réaliser sous une menace immédiate, qu’elle soit d’origine malveillante ( Attentats, zone de conflits, règlements de comptes etc…) ou de causes naturelles et accidentelles (catastrophes naturelles, risques d’effondrements, inondations, tsunami etc…) voir technologique ( risque NRBC). Le spectre est large.
Les premières minutes de l’action de secours détermineront grandement les chances de survie du ou des impliqués. Une phase CUF bien réalisée permettra une prise en charge plus efficace dans la phase de TFC. Ce sera dans cette phase que le patient sera stabilisée en vue de son évacuation.
Pourquoi un module « drones » est il indispensable dans une formation TECC ?
Afin d’être pertinente, une formation de ce type se doit d’être sans cesse adaptée aux réalités du terrain, aux évolutions des pratiques, aux risques nouveaux.
Selon un rapport de l’UNRIC, le Centre Régional d’Information pour l’Europe Occidentale de l’ONU (consultable ici, et rapport complet en anglais ici.) en date du 11 février 2025, les drones de courtes portées ont causé plus de victimes que tout autre arme sur le théâtre Ukrainien. .
Le 21 mars 2025, un attentat au drone à été déjoué en France (article ici).
Il est clairement établi que les drones constituent un nouveau vecteur de menaces, particulièrement meurtrier, et qui nécessite une certaine focalisation afin d’en atténuer les impacts.

Les drones commerciaux sont largement utilisés dans les zones de conflits Le conflit en Ukraine, une source de RETEX inestimable.
C’est en effet sur ce théâtre, véritable laboratoire de la guerre « moderne », que les retours d’expériences au sujet des drones sont les plus nombreux. En recueillant les études et témoignages de nombreux opérateurs de terrain, et notamment d’unités chargées de l’évacuation de civils en zone grise, nous avons pu compiler les données et les pratiques permettant de réagir face à ces nouvelles menaces. Les données disponibles aujourd’hui, nous permettent d’obtenir une photographie assez détaillée de leurs atouts et faiblesses tactique, de leurs capacités et limitations techniques, ainsi que des méthodes de contre-mesures.
Il est selon nous indispensable de sensibiliser les intervenants à ces menaces, mais également à leurs utilisations dans le cadre d’une action de secours.

Les drones commerciaux armés: une menace croissante. Les atouts du drones dans l’action de secours.
L’information et le renseignement avant action sont des éléments d’aide à la prise de décision. Ainsi, les drones seront particulièrement indiqués aux actions de reconnaissances afin de planifier les différentes manœuvres.
Les drones sont également utilisés pour l’acheminement de matériel au plus proche de la victime, la transmission d’un message lors de pannes radio (ou risque d’interception radio) etc…
Et concernant le stage en lui même ?
Le stage dure 2 jours et 1 nuit, de façon intensive. La pratique représente environ 70 % du volume horaire.
Chaque point clé abordé sera restitué par un ou plusieurs scénarios immersifs et le stage sera clôturé par un exercice de synthèse.
Les situations seront réalisées selon différents contextes, incluant la basse visibilité, le stress, l’atmosphère viciée, etc.
Une instruction sur l’utilisation pratique du drone sera donnée. Des exercices pratique avec cette composante seront réalisés.
Le logement est inclus dans le stage au sein du centre de formation avec cuisine, sanitaire, douches, etc.
Comment réserver ?
Directement sur le site de l’association A3S, partenaire de l’évènement en suivant ce lien.
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Secourisme Tactique: Méfiez vous des Ninjas !

Le nombre de formations en secourisme tactique, TECC, TCCC etc. pullule sur le net et les réseaux sociaux. Le nombre d’acteurs dans le secteur ne cesse de croitre avec pour contenu, du bon et du –vraiment– moins bon. Sur un sujet aussi sérieux que celui du secourisme, la transmission de mauvaises informations peut avoir des conséquences dramatiques lors d’une action de secours. D’autant plus si celle ci, se déroule dans un contexte sécuritaire dégradé.
Certains acteurs n’hésitent pas à « inventer » des concepts farfelus afin de se démarquer, d’autres complexifient volontairement l’apprentissage pour le rendre plus « sexy« . Il m’a paru opportun de nommer cette catégorie de formateurs: Les NINJAS !
J’ai décidé aujourd’hui de vous proposer mon focus sur les dérives de notre secteur d’activités, et les conséquences que cela pourrait avoir sur l’apprenant.

Atelier sur les évacuations en situation dégradés ou isolés. (Formation 2022) Les référentiels ce n’est pas pour les chiens !
Comme le dit si bien le dicton : « Arrêter de se former, c’est commencer à crever ». Cette philosophie, qui m’anime depuis le début de mon activité il y a 23 ans (déjà), m’a amené à participer à un très grand nombre de formations, dans plusieurs domaines complémentaires. Et malgré le fait que je sois devenu moi-même formateur depuis 2015, je n’ai jamais cessé de me « mettre à jour », en participant à des formations en qualité de stagiaire, en maintenant une veille permanente sur les avancées du secteur, etc.
La colonne vertébrale d’un formateur, surtout en secourisme, ce sont les référentiels et les recommandations venant en complément. Un référentiel est un document cadrant l’action de formation en y établissant une liste de compétences à acquérir, déclinée en objectifs. Ce document détaille ensuite les savoirs et savoir-faire à maîtriser afin de valider les compétences visées, mais aussi les moyens pédagogiques nécessaires pour faire acquérir ces compétences et les critères d’évaluation afin de les valider.
Sortir de ce cadre, c’est prendre le -gros- risque de donner des informations soit fausses, soit dangereuses pour la victime et le secouriste, pouvant même engager la responsabilité juridique de l’intervenant !
Pour le secourisme en France, les référentiels et recommandations sont édités par le ministère de l’intérieur. En ce qui concerne le secourisme tactique, un organisme fait consensus et est figure d’autorité dans le domaine, c’est le Co-Tecc. Vous trouverez leurs « Guidelines » ici.
Pourtant, force est de constater que nombre de « formateurs » n’hésitent pas à vouloir réinventer la roue, en créant, inventant, et modifiant des techniques hors de tout cadre, dans le seul objectif de se démarquer et de conquérir des parts de marché. D’autres le font dans le but de flatter leur égo surdimensionné, d’autres encore par simple ignorance et par carences techniques, mais c’est un autre sujet.
C’est ainsi que nous voyons passer ici et là certains gestes qui feraient hérisser les poils de n’importe quel professionnel de santé. Comme la pose d’un collier cervical, seul, sans maintien de tête, soi-disant avec une « technique » permettant à celle-ci de ne pas bouger. D’autres encouragent, par des techniques de ninjas, une extraction de victime par un civil, sous le feu direct d’un assaillant ! J’ai encore vu d’autres enseignements inadaptés où certains déclarent qu’il est possible d’improviser un garrot tourniquet avec un pansement compressif de type israélien… élastique par nature. Je ne parle pas ici des procédures tout droit sorties de leur imagination, des « algorithmes » farfelus et autres tentatives d’adaptation peu ou mal adaptées.
Évidemment, les évolutions matérielles, techniques et technologiques imposent une révision très régulière des référentiels et autres « guidelines ». Mais cela passe par un processus d’études cliniques, basé sur des données tangibles, couplé aux retours d’expérience des différents acteurs de terrain. Une simple observation personnelle du formateur ne permet pas de faire autorité.

Formation d’un groupe d’étudiant en santé au CHU de Limoges Complexifier le geste, frime vs efficacité.
Autre dérive excessivement répandue chez les Ninjas du secours tactique : la complexification des gestes techniques. Il suffit de voir quelques vidéos sur YouTube ou de « scroller » sur Instagram pour illustrer mon propos. Il n’est vraiment pas rare de tomber sur des influ-formateurs démontrant des techniques tout droit sorties de films d’action, qui sont, sans surprise, irréalisables dans une véritable action de secours.
J’ai également eu l’occasion de voir de mes yeux, en stage, certains formateurs faire des cabrioles sur une victime pour réaliser un dégagement d’urgence (oui, oui !). Un simple « pick and run » aurait suffi, mais non… J’ai pu également voir certains gestes, plutôt simples, être complexifiés à outrance, notamment sur la pose du garrot tourniquet ou du pansement compressif. Même la PLS devenait un geste technique complexe, alors qu’un enfant de 6 ans serait logiquement capable de l’appliquer. Elle a d’ailleurs été conçue pour…
Toute cette complexité nuit gravement à l’efficacité de l’apprentissage. Plus il y aura de paramètres parasites dans la manœuvre, plus l’apprenant aura des difficultés à l’assimiler, puis à le restituer. Simple, basique.
Un geste technique, pour être efficace, doit être simple, s’articuler autour de points clés afin d’atteindre un résultat attendu. Le reste est de l’ordre du bullshit.
Les points clés et les résultats à atteindre sont justement décrits dans les recommandations, référentiels et « guidelines » (selon la formation proposée). En ajouter, c’est de facto être dans l’erreur.

Discours non adaptés au public cible (et incompétence technique)
Pour terminer ce focus sur les dérives rencontrées dans le TECC Business, je souhaitais aborder également le manque de cohérence entre le contenu proposé et le public présent lors de la session. C’est un problème qui est également récurrent et qui, à mon sens, est gravissime selon le discours tenu. En effet, cela s’accompagne très souvent d’une incompétence technique flagrante, pouvant avoir des conséquences catastrophiques pour les stagiaires.
J’ai pu voir de mes yeux des « formateurs » démontrer des techniques d’exsufflation à l’aiguille dans le traitement des pneumothorax sous tension, à un public civil, sans expérience de secourisme, aucun background type PSC, PSE, etc. Et pire encore, la technique était plus que mal réalisée par le « professionnel » (mauvais site d’entrée primaire), son explication de la pathologie était plus qu’étonnante (Un pneumothorax, c’est quand il y a un trou dans la poitrine et le poumon se met à gonfler… sic…), et cerise sur le dextro (oui, je sais), aucun élément relatif au diagnostic n’a été transmis !
C’est bien de vouloir aborder certains sujets, mais primo, il faut savoir de quoi l’on parle, secundo, suivre une suite logique permettant de comprendre la pathologie, la diagnostiquer, la traiter, et enfin faire le monitoring de la victime… Dans tous les cas, ce n’est pas à la portée immédiate du citoyen sauveteur qui n’est pas encore titulaire de son PSC… J’ajouterai également qu’effectuer un acte invasif, sans pouvoir expliquer le caractère exceptionnel de son application en raison d’une situation la justifiant par l’absolue nécessité, par un personnel non formé et non professionnel de santé, engage sa responsabilité pénale…

Les Ninjas sont partout ! (et comment s’en prémunir).
Oui, les Ninjas sont partout. Sur les réseaux, YouTube, Instagram, Facebook. Ils se targuent bien souvent d’une expérience militaire (réelle ou supposée, hein), mais très rarement d’une expérience dans le secours en zone à risque. Ont-ils même, ne serait-ce qu’une seule fois, réellement porté secours ? Ils sont généralement très imbus de leur personne, n’acceptent aucune critique, pensent détenir la vérité. Nous les trouvons parfois en activité pour de grands groupes, ce qui est plus inquiétant. Cela arrive en effet car les différentes directions des opérations ne connaissent pas le secteur et « font confiance » à un cursus militaire bien avéré. Cependant, le secours, c’est un métier, une spécialité…
Les référentiels ? La sécurité civile ? Les médecins ? Pour eux, c’est de la m**de en boîte. Eux savent…
Pour s’en prémunir, très souvent, il suffit de demander le parcours ainsi que les certifications et diplômes des formateurs. En général, ça donne déjà une bonne idée du background réel de l’intervenant. Autre indice : le formateur est-il entouré d’une équipe pluridisciplinaire qui permet d’avoir une approche exhaustive et pertinente du sujet abordé ? Est-il déclaré ? Possède-t-il un NDA (Numéro de Déclaration d’Activité délivré par la DREETS de son département) ? Autant de questions que je vous engage à poser avant de vous inscrire à une formation de ce type.

Quels sont les qualités d’un bon formateur en secours tactique ?
Tout d’abord, sur l’aspect pédagogique, il aura été formé à ce sujet de manière approfondie afin de comprendre les mécanismes d’apprentissage des adultes (andragogie).
Sur le plan technique, il aura pratiqué ce qu’il enseigne durant une période de temps significative, à titre principal et non accessoire. Il aura idéalement des certifications pouvant l’attester.
Sur le plan du savoir-être, il fera preuve d’humilité, se remettant sans cesse en question afin d’être au plus proche des différentes évolutions techniques, tactiques et technologiques. Son égo importera peu ; sa plus grande satisfaction sera la réussite de ses apprenants, les amenant d’un point A à un point B avec une évolution mesurable.
Le mot de la fin
Bien heureusement, il y a beaucoup de formateurs qui font un excellent travail, produisent des ouvrages de qualité, et propose du contenu pertinent. Il convient toutefois de rester prudent lorsque l’on souhaite se former afin de ne pas succomber au champs des sirènes des starlettes Instagram.
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Manuel de « survie » 72h du gouvernement. Mauvaise idée ou mauvais timing ?

Cela ne vous a pas échappé : l’État annonce que, d’ici le mois de juin, l’ensemble de la population française recevra dans sa boîte aux lettres un manuel ou livret de « survie » pour réagir en cas de crise. L’intitulé du document est encore en discussion, mais, comme à son habitude, des termes absolument neutres – et souvent déresponsabilisants – seront employés. Les réactions suite à cette annonce sont variées : certains disent que le gouvernement joue sur la peur, d’autres estiment que cela annonce quelque chose de mauvais. Une minorité y voit un signe positif. Pour être franc, c’est mon cas.
Que contiendra ce manuel ? Concrètement…
Bien que ce manuel soit encore en cours de rédaction, ou de peaufinage, j’ai pu glaner ça et là quelques informations sur son contenu. Il devrait contenir une vingtaine de pages, et se composer en 3 parties.
La première partie qui serait intitulé « se protéger », entends « sensibiliser la population française à la notion de solidarité ». Cette première partie vise à « se protéger soi, mais aussi protéger les personnes autour : la famille, les voisins… ». Des conseils pratiques y sont formulés comme disposer des numéros de son entourage. Des banalités en sommes.
Sous forme de pictogrammes pour donner un côté un peu plus ludique, cette première partie du livret indique également « le kit de survie » à avoir chez soi en cas de grave crise. Ainsi, il est recommandé d’avoir au moins six litres d’eau en bouteille, de stocker une dizaine de boîtes de conserve, ou encore de disposer de piles et d’une lampe torche en cas de coupure d’électricité.
Côté pharmacie, il est préconisé d’avoir du paracétamol, des compresses, mais aussi un sérum physiologique dans sa salle de bain. « Il s’agit de dire aux Français : ‘Soyez prêt à faire face quelques jours en autonomie’ ».

La deuxième partie intitulé » Que faire en cas d’alerte » devrait donner des infos générales sur la conduite à tenir en cas de menace imminente. Comme les confinements suite à un risque NRBC, un rappel des numéros d’urgences, certaines fréquences radio.
Enfin la dernière partie serait un appel à l’engagement citoyen, avec une invitation à rejoindre une réserve (police, armée, réserve communale etc.) ou un des dispositif de la sécurité civile (pompier, protection civile, association de sécurité civile etc.)
Il est clairement difficile de juger de la pertinence du contenu tant que nous n’avons pas le livret définitif entre les mains. Ma crainte, serait que – comme souvent – le discours soit tellement édulcoré, que l’impact positif de ce type de livret soit proche de zéro. Autre crainte, serait l’omission d’un élément extrêmement important, l’aspect psychologique et la santé mentale. Espérons que nos gouvernants s’inspire du modèle scandinave en la matière voir ici.
Enfin, le manuel n’oublie pas la santé mentale et la gestion du stress en cas de crise, quelle que soit sa nature. «Parlez de vos sentiments à votre famille, à vos amis, à vos voisins ou à un organisme de santé mentale. Cela peut vous aider à vous sentir moins seul», est-il précisé. Un passage est aussi adressé aux parents, et leur recommande d’être le plus honnête possible avec leur enfant. «Expliquez la situation à l’enfant, écoutez et invitez-le à une conversation», «évitez les détails inutiles», est-il écrit. Il les invite aussi à «planifier des activités avec l’enfant pour l’aider à se concentrer sur autre chose». (source Europe 1)

Un livret mal perçu ?
Il est clair, au regard des nombreuses réactions sur les réseaux sociaux, que ce soit de simples citoyens ou de certains responsables politiques, que la publication de ce livret est plutôt mal perçue par un grand nombre. Toutefois, ce n’est pas tant son contenu ou l’initiative en elle-même qui posent problème, mais plutôt le contexte dans lequel l’annonce a été faite.
Alors que notre pays est plus divisé que jamais sur le plan sociétal et politique, qu’il existe une défiance incroyable entre la population et l’État, que nous enchaînons crise sur crise avec, il faut le dire, une gestion plus que discutable, nos gouvernants agitent la menace russe. Une menace bien réelle, mais qui ne devrait pas être surestimée. C’est dans ce contexte que l’annonce a été faite. Elle résonne comme une préparation de la population à un conflit armé imminent avec la Russie.
Le lancement de ce projet de cette manière est une erreur marketing.
Pourtant, comme je l’expliquais dans un précédent article sur ce blog, ce genre d’initiative a de nombreux avantages. https://taranisblog.fr/2025/03/11/le-citoyen-francais-face-a-lincertitude-internationale-pourquoi-la-formation-et-la-resilience-sont-indispensables/
La fin du mythe de l’omniscience de l’état dans la sécurité civile.
Depuis des décennies, nous vivions sous l’ère de l’État-providence, totalement omniscient, prenant en charge notre sécurité et notre avenir… Du moins, c’est ce que l’on nous disait. L’État n’a jamais pris en compte certains paramètres essentiels dans la gestion des crises : le delta entre la survenance de l’événement et l’intervention des services appropriés. Bien sûr, tout a toujours été fait pour réduire ce delta, mais l’évidence montre que le citoyen est responsable de sa propre sécurité pendant ce laps de temps.
L’État a, pendant très longtemps, renié le principe de résilience citoyenne, le balayant d’un revers de main comme une idée extrémiste (voir les différents articles sur le survivalisme).
Aujourd’hui, les gouvernants évoluent dans le bon sens et prennent conscience des bénéfices d’une responsabilisation de tous les acteurs.
La résilience: de quoi parle-t-on ?
La définition de la résilience est la capacité d’une entité à surmonter de façon autonome un aléa, puis à retrouver un fonctionnement normal le plus rapidement et efficacement possible, tout en limitant son impact sur l’organisation.
Une meilleure résilience citoyenne permettrait en effet aux décideurs de se concentrer sur les causes d’une crise (naturelles, technologiques, sociétales, voire martiales…) plutôt que d’utiliser plus de ressources que nécessaire pour en traiter les conséquences (services de secours, système de santé, approvisionnement, etc.). Pour un pays développé, c’est un enjeu stratégique.
Le débat est ouvert quant aux mesures qui devraient être préconisées pour améliorer la résilience citoyenne, et ce sujet fera l’objet du tout prochain article (oui, il sera un peu long).
Expectatives
Attendons de voir le contenu de ce livret, et la communication qui l’accompagnera. Nous ne pouvons qu’espérer que le virage de la responsabilisation citoyenne soit pris, et que le gouvernement actuel ne restera pas tiède face à cette réalité. Affaire à suivre…
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Le Citoyen Français Face à l’Incertitude Internationale : Pourquoi la Formation et la Résilience Sont Indispensables

Selon Dereck Carrillo, Conseiller expert en gestion des crises et en résilience citoyenne, les bouleversements internationaux actuels nécessitent une préparation accrue de la population. Conflits armés, pandémies, cyberattaques, crises énergétiques et climatiques… autant de menaces qui impactent directement la sécurité et la stabilité des citoyens. Face à cette instabilité, la formation et la résilience apparaissent comme des piliers essentiels pour s’adapter et faire face aux crises.

Un Monde Plus Instable : Des Conséquences Directes pour le Citoyen
La géopolitique mondiale impacte directement la vie quotidienne des Français. Les tensions entre l’Ukraine et la Russie influencent l’économie, l’approvisionnement en ressources stratégiques et la sécurité intérieure. La crise du Covid-19 a démontré la vulnérabilité de nos chaînes d’approvisionnement, tandis que la guerre en Ukraine a mis en évidence notre dépendance énergétique. Par ailleurs, la recrudescence des cyberattaques contre les infrastructures critiques et les entreprises rappelle la nécessité de se prémunir contre ces menaces invisibles.
La Formation, Pilier de la Sécurité Personnelle et Collective
L’éducation aux risques et la formation à la gestion de crise doivent devenir un réflexe citoyen. Aujourd’hui, chaque individu devrait posséder des compétences de base en secourisme, en auto-défense et en prévention des risques technologiques et naturels.
- Les formations aux premiers secours (PSC1, PSE1, etc.) permettent de sauver des vies en cas d’urgence médicale.
- Les cours de sécurité civile enseignent comment réagir face à un incendie, une explosion ou une attaque.
- La préparation psychologique et logistique (gestion du stress, constitution d’un kit d’urgence) contribue à une meilleure adaptation face aux crises.
Ces compétences, autrefois réservées aux professionnels de l’urgence, doivent aujourd’hui se démocratiser pour renforcer la résilience collective.
Vers une Culture de la Résilience Citoyenne
Au-delà de la formation individuelle, c’est une véritable culture de la résilience qu’il faut développer en France. Plusieurs pays, comme la Suède ou la Suisse, ont déjà intégré cette approche dans leurs politiques publiques. La résilience repose sur plusieurs axes :
- L’autonomie des foyers : anticiper les crises commence par une meilleure autonomie individuelle et familiale. Cela passe par la constitution de stocks alimentaires et d’eau potable, l’acquisition de sources d’énergie alternatives (panneaux solaires, groupes électrogènes) et l’élaboration de plans familiaux d’évacuation.
- Le renforcement du lien social : en temps de crise, la solidarité entre voisins et au sein des communautés locales est un facteur déterminant. Des réseaux d’entraide, comme ceux mis en place lors de catastrophes naturelles, permettent un partage des ressources et un soutien mutuel essentiel à la survie et au bien-être collectif.
- L’implication citoyenne : la résilience ne peut être efficace sans un engagement actif des citoyens. Participer aux dispositifs de protection civile, intégrer des formations aux premiers secours, ou encore s’investir dans des associations locales de gestion des risques renforce la capacité d’adaptation face aux crises.
- L’éducation aux risques : la sensibilisation et la formation doivent commencer dès le plus jeune âge. Intégrer des modules de gestion de crise et de premiers secours dans les cursus scolaires permettrait de préparer les générations futures aux défis sécuritaires et environnementaux.

Conclusion
L’incertitude internationale n’est pas une simple toile de fond anxiogène, c’est un défi concret qui doit nous pousser à agir. La formation et la résilience citoyenne sont les clés pour transformer la peur en compétence et l’inquiétude en préparation. Loin d’être un repli sur soi, cette démarche vise au contraire à renforcer la capacité d’action individuelle et collective face aux crises à venir.
Pour approfondir ces thématiques, Dereck Carrillo partage son analyse et ses conseils en secourisme, en formation et en résilience, notamment dans le contexte des tensions entre l’Ukraine et la Russie. S’informer et se former, c’est aujourd’hui un enjeu essentiel pour tout citoyen soucieux de sa sécurité et de celle de ses proches.

Dereck CARRILLO lors d’une formation en 2020 -
Techniques Efficaces pour Gérer Votre Sommeil


La préparation à un événement important, comme un marathon, un examen, une mission professionnelle complexe ou même un voyage long courrier, inclut souvent des éléments tels que l’entraînement, les révisions ou la logistique. Cependant, une composante souvent négligée est une bonne gestion du sommeil, qui peut reposer sur des approches spécifiques comme la sieste fractionnée ou la micro-sieste.
L’importance d’une gestion du sommeil optimisée
La « gestion du sommeil » va bien au-delà de simplement dormir plus. Il s’agit d’utiliser des techniques adaptées pour mieux récupérer et être au maximum de ses capacités. Ces pratiques incluent des micro-siestes, des cycles de sommeil courts, ainsi que des ajustements ciblés avant des périodes intenses, favorisant à la fois les performances cognitives et physiques.
Les impacts d’un manque de sommeil
Un déficit de sommeil, même léger, peut perturber plusieurs aspects importants :
- Diminution de la concentration et de la réactivité : Il devient plus difficile de se concentrer ou de réagir rapidement, ce qui affecte la qualité de travail ou des performances dans des tâches complexes.
- Baisse de la capacité d’apprentissage et de mémorisation : Un sommeil fragmenté ou insuffisant nuit à la consolidation des connaissances.
- Répercussions sur la performance physique : Une force et une coordination réduites, et une endurance affaiblie peuvent accroître les risques de blessures.
- Stress et fatigue émotionnelle : Un sommeil mal récupérateur peut vous amener à ressentir davantage de pression au quotidien.
Des stratégies pratiques pour une meilleure gestion du sommeil
Voici des stratégies accessibles pour intégrer une gestion efficace du sommeil. J’ai aussi ajouté des conseils sur leur mise en œuvre concrète.
1. Introduire des micro-siestes dans la journée
Les micro-siestes (10 à 30 minutes) aident à recharger son énergie rapidement et permettent de rester efficace. Pour les mettre en place, identifiez une période où votre énergie chute généralement (comme en début d’après-midi). Essayez de trouver un endroit calme, tamisez la lumière et réglez un réveil pour ne pas dépasser 30 minutes. Si vous êtes au bureau, même une mini-sieste assis à votre poste peut apporter des bénéfices.
2. Adopter le sommeil polyphasique
Cette méthode consiste à répartir son repos en plusieurs cycles durant la journée plutôt qu’en un seul bloc nocturne. Elle nécessite toutefois une planification rigoureuse. Commencez par découper vos cycles (par exemple deux heures la nuit et trois siestes de 20 minutes). Testez progressivement pour voir si ce rythme s’adapte à vos besoins sans engendrer de fatigue supplémentaire.
3. Améliorer l’environnement de sommeil
Pour optimiser votre repos, votre chambre doit être propice au sommeil. Voici quelques actions concrètes :
- Assurez-vous que votre pièce soit plongée dans l’obscurité.
- Maintenez une température idéale entre 16 et 20 °C.
- Investissez dans un matelas et des oreillers confortables.
- Éliminez les distractions sonores avec des bouchons d’oreilles ou des machines à bruits blancs.
4. Éliminer la lumière bleue avant le coucher
Minimisez l’utilisation des écrans une heure avant d’aller au lit : rangez votre téléphone, éteignez la télévision et préférez des activités relaxantes comme lire un livre ou écouter de la musique douce. Si éviter les écrans n’est pas possible, utilisez des applications ou des réglages pour diminuer la lumière bleue ou procurez-vous des lunettes spécifiques.
5. Incorporer des techniques de relaxation
Favorisez un sommeil réparateur en essayant des exercices simples avant de dormir. Par exemple :
- Pratiquez la respiration profonde : inspirez par le nez en comptant jusqu’à quatre, retenez votre souffle quatre secondes, puis expirez quatre secondes.
- Essayez la méditation : des applications comme Calm ou Petit Bambou peuvent vous guider.
- Étirez légèrement vos muscles ou tentez des techniques de yoga pour dénouer les tensions physiques.
6. Anticiper le décalage horaire lors de voyages
Lors de déplacements à travers plusieurs fuseaux horaires, commencez à ajuster légèrement vos heures de coucher quelques jours avant le départ. À l’arrivée, exposez-vous rapidement à la lumière naturelle pour remettre à niveau votre horloge interne. Si la fatigue persiste, une sieste d’une vingtaine de minutes peut vous aider à résister jusqu’à l’heure prévue pour le coucher local.
7. Programmer son repos selon les besoins prioritaires
Dans les périodes très chargées (comme un examen ou un événement sportif), planifiez votre sommeil à l’avance. Par exemple, dormez davantage dans les jours précédents ou prévoyez une sieste juste après les tâches les plus exigeantes.
Conclusion
Réussir à intégrer la gestion du sommeil dans son quotidien, que ce soit avec des micro-siestes, des ajustements environnementaux ou des techniques de relaxation, peut vraiment faire la différence sur vos performances. Au lieu de viser la perfection, commencez par des petits changements. Ces ajustements cumulés amélioreront votre récupération et votre efficacité au fil du temps. Prenez cela comme un investissement personnel !
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Revue du Masque Supraglottique iGel : Un Choix Innovant pour les Interventions d’Urgence et en conditions dégradées.

Introduction
Pour un médecin urgentiste au SAMU, un secouriste en milieu isolé ou un medic en zone hostile, l’efficacité et la rapidité des interventions sont cruciales. Chaque seconde compte, et disposer du matériel adapté peut faire la différence entre la vie et la mort. Parmi les dispositifs qui sont utilisés fréquemment, le masque supraglottique iGel s’est révélé être un outil essentiel dans leur pratique quotidienne. Ce dispositif innovant mérite une attention particulière, tant pour ses caractéristiques que pour son impact sur la prise en charge des patients en situation d’urgence. Dans cet article, nous allons explorer en détail ce masque supraglottique, en abordant son utilisation, ses avantages, ses inconvénients, et un descriptif de sa pose.

Tout savoir sur le masque supraglottique iGel !
Le masque supraglottique iGel est un dispositif médical conçu pour maintenir une voie aérienne ouverte chez les patients nécessitant une assistance respiratoire. Contrairement aux masques laryngés traditionnels, l’iGel ne nécessite pas de gonflement, ce qui simplifie son utilisation et réduit le risque de complications liées à une mauvaise inflation. Il est fabriqué à partir d’un gel thermoplastique souple qui s’adapte aux contours anatomiques du patient, assurant ainsi une étanchéité efficace sans pression excessive.
Specifications
Conception et Matériaux
Le iGel est constitué de plusieurs parties :
- Le manche : Ergonomique, il permet une manipulation aisée.
- Le tube : Permet la ventilation et l’aspiration.
- Le coussinet en gel : Élimine le besoin d’un ballon de gonflage. Il s’adapte à l’anatomie du patient pour une étanchéité optimale.
- Le port gastrique : Permet l’insertion d’une sonde gastrique pour décomprimer l’estomac et prévenir les régurgitations.
Tailles et Adaptabilité
L’iGel est disponible en différentes tailles, de 1 à 5, adaptées aux nourrissons, enfants et adultes. Cela permet une utilisation sur une large gamme de patients, rendant le dispositif particulièrement versatile dans les situations d’urgence où l’âge et la morphologie des patients peuvent varier.
Usage Unique et Stérilisation
Le masque iGel est conçu pour un usage unique, ce qui élimine les risques de contamination croisée et réduit les coûts et efforts liés à la stérilisation. Cependant, cette conception à usage unique doit être prise en compte dans la gestion des stocks et des déchets médicaux.

Les avantages du masque supraglottique iGel
Facilité d’Insertion
L’un des principaux atouts de l’iGel réside dans sa facilité d’insertion. Contrairement aux masques laryngés traditionnels qui exigent une compétence spécifique pour le gonflage correct du ballon, l’iGel s’insère simplement en le glissant dans la bouche du patient. Cette simplicité revêt une importance cruciale dans les situations d’urgence, où chaque seconde est vitale et où le personnel peut être soumis à une pression intense.
Réduction des Complications
L’absence de ballon à gonfler réduit le risque de complications telles que les lésions des voies respiratoires ou l’insufflation insuffisante ou excessive. Le gel thermoplastique souple s’adapte naturellement aux contours anatomiques du patient, réduisant ainsi les traumatismes et assurant une ventilation plus efficace.
Polyvalence
Avec ses différentes tailles, l’iGel peut être utilisé pour une large gamme de patients, des p’tits bouts aux adultes. Ça aide à rendre l’équipement plus standard dans les services d’urgence, ce qui facilite la formation et la gestion des stocks.
Port Gastrique
Le port gastrique intégré permet une décompression gastrique rapide, essentielle pour prévenir les régurgitations et les aspirations pulmonaires, qui sont des complications fréquentes et potentiellement graves dans les situations d’urgence.
Confort et Acceptabilité
Le matériau souple et la conception sans pression excessive offrent un meilleur confort pour le patient, ce qui peut être particulièrement important dans les situations où le masque est utilisé pendant des périodes prolongées.

Inconvénients et Limites
Usage Unique
Bien que l’usage unique présente des avantages en termes de prévention des infections, il implique également une gestion rigoureuse des stocks et une augmentation des déchets médicaux. Dans les contextes où les ressources sont limitées, cela peut représenter un défi logistique et financier.
Coût
Le coût unitaire de l’iGel est généralement plus élevé que celui des masques laryngés réutilisables. Toutefois, ce coût peut être compensé par les avantages en termes de réduction des complications et de simplicité d’utilisation.
Adaptation Anatomique
Bien que le gel thermoplastique soit conçu pour s’adapter aux contours anatomiques, il peut y avoir des variations individuelles qui rendent l’ajustement moins optimal pour certains patients. Dans de rares cas, cela peut nécessiter l’utilisation d’un autre type de dispositif pour garantir une ventilation adéquate.

À gauche un masque laryngée classique à droite un Igel Études et Retour d’Expérience
Études Cliniques
De nombreuses études cliniques ont démontré l’efficacité et la sécurité du masque supraglottique iGel. Par exemple, une étude publiée dans le Journal of Emergency Medicine a montré que le taux de succès d’insertion du iGel lors de la première tentative était supérieur à 95 % dans un contexte préhospitalier . De plus, les complications associées étaient significativement réduites par rapport aux dispositifs traditionnels.
Témoignages de Terrain
Les retours d’expérience des praticiens du SAMU sont largement positifs. Dans leur service, ils ont constaté que l’utilisation du iGel a considérablement réduit le temps nécessaire pour établir une voie aérienne sécurisée, ce qui est crucial lors des interventions d’urgence. Les infirmiers et médecins ont également noté une diminution des incidents de régurgitation et d’aspiration, améliorant ainsi les résultats pour les patients.
Recommandations Pratiques
Formation et Simulation
Pour maximiser l’efficacité de l’utilisation du masque supraglottique iGel, il est essentiel que tout le personnel médical soit bien formé. Des sessions de simulation régulières peuvent aider à familiariser les équipes avec le dispositif, améliorant ainsi les taux de succès et réduisant le stress lors des interventions réelles.
Gestion des Stocks
La gestion des stocks de masques iGel doit être rigoureuse pour éviter les pénuries, notamment dans les contextes où les ressources sont limitées. Il est recommandé de maintenir un inventaire suffisant et de prévoir des commandes régulières en fonction des besoins estimés.

Intégration dans les Protocoles
L’intégration du masque iGel dans les protocoles d’intervention standard (Airways Management) est cruciale pour assurer l’uniformité des pratiques et garantir une utilisation optimale de ce dispositif. Il est impératif que les protocoles comprennent des critères précis pour l’utilisation de l’iGel ainsi que des instructions détaillées pour son insertion et son utilisation.
Descriptif de la Pose d’un iGel
Préparation
- Sélection de la taille appropriée : Choisir la taille du masque en fonction du poids du patient.
- Taille 1 : Pour les nourrissons de 2 à 5 kg
- Taille 1.5 : Pour les nourrissons de 5 à 12 kg
- Taille 2 : Pour les enfants de 10 à 25 kg
- Taille 2.5 : Pour les enfants de 25 à 35 kg
- Taille 3 : Pour les adultes de 30 à 60 kg
- Taille 4 : Pour les adultes de 50 à 90 kg
- Taille 5 : Pour les adultes de plus de 90 kg
- Lubrification : Appliquer un lubrifiant à base d’eau sur la surface arrière du coussinet en gel.
Insertion
- Positionnement du patient : Le patient doit être en position de sniffing (légèrement incliné vers l’arrière) pour faciliter l’insertion.
- Ouverture de la bouche : Ouvrir la bouche du patient en utilisant la technique de la pince (index et pouce sur les dents incisives).
- Insertion du masque : Introduire le masque dans la bouche du patient avec une légère rotation pour suivre l’anatomie de la gorge. Le coussinet en gel devrait glisser facilement jusqu’à ce que le repère de profondeur soit aligné avec les dents ou les lèvres.
- Vérification de la position : Une fois en place, vérifier que le tube est correctement positionné et que la ventilation est possible. Cela peut être confirmé par l’observation de la montée et descente du thorax ainsi que par l’auscultation des poumons.
Utilisation et Surveillance
- Fixation : Fixer le masque avec une bande adhésive ou une sangle pour éviter les mouvements.
- Ventilation : Commencer la ventilation à l’aide d’un ballon auto-remplisseur (AMBU) ou d’un ventilateur mécanique.
- Surveillance continue : Surveiller le patient pour détecter toute complication, comme des fuites d’air, des obstructions ou des signes de régurgitation. L’utilisation du capnographe est recommandée pour surveiller l’efficacité de la ventilation.
Conclusion
Le masque supraglottique iGel représente une avancée significative dans la gestion des voies aériennes en situation d’urgence. Sa conception innovante, sa facilité d’utilisation et ses avantages en termes de sécurité et de confort en font un outil indispensable pour les équipes médicales du SAMU. Bien qu’il présente certains inconvénients, notamment en termes de coût et de gestion des déchets, ses bénéfices pour la prise en charge des patients sont indéniables.
Pour les professionnels de santé travaillant dans des environnements dégradés, le iGel offre une solution pratique et efficace pour assurer une ventilation rapide et sûre. En intégrant ce dispositif dans les pratiques courantes et en formant adéquatement le personnel, il est possible de maximiser les avantages du iGel et d’améliorer les résultats pour les patients en situation critique.
En tant que secouriste en conditions dégradées, je suis convaincu de l’importance vitale de l’utilisation du masque iGel pour toute intervention nécessitant une gestion rapide et efficace des voies aériennes. Cet outil représente un investissement inestimable dans la sécurité et le bien-être des patients, jouant un rôle essentiel dans notre arsenal médical.
Sources
- Jagannathan, N., et al. « A randomized trial comparing the I-gel supraglottic airway and the LMA Supreme in children. » Paediatric Anaesthesia, vol. 22, no. 12, 2012, pp. 1197-1204.
- Teoh, W. H., et al. « Comparison of the LMA Supreme vs the I-Gel in paralysed patients undergoing gynaecological laparoscopic surgery with controlled ventilation. » Anaesthesia, vol. 65, no. 12, 2010, pp. 1173-1179.
- Theiler, L., et al. « Crossover comparison of the laryngeal mask Supreme and the I-gel in simulated difficult airway scenario in anesthetized patients. » Anesthesiology, vol. 111, no. 1, 2009, pp. 55-62.
- Information technique du fabricant : Documentation officielle de Intersurgical Ltd. pour le masque supraglottique iGel.
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Tactiques de tranchées en Ukraine : Modèles contemporains et conséquences

La guerre de tranchées, symbole funeste de la Première Guerre mondiale, semblait reléguée à l’histoire militaire. Toutefois, cette tactique réapparaît de manière frappante dans le conflit ukrainien moderne. Nous allons explorer les raisons de ce retour, les adaptations contemporaines de cette méthode de combat, et son impact sur le déroulement du conflit russo-ukrainien.

Rappel Historique de la Guerre de Tranchées
Origines et Développement
La guerre de tranchées a marqué profondément les esprits pendant la Première Guerre mondiale. Ce type de guerre statique et défensive a vu le jour lorsque les armées ont rapidement réalisé que les technologies de l’époque (mitrailleuses, artillerie lourde) rendaient les avancées rapides et les batailles décisives presque impossibles. Les armées ont alors opté pour des réseaux de tranchées, offrant une protection contre les tirs ennemis et permettant de maintenir des positions sur le long terme.
Conditions et Vie dans les Tranchées
Les conditions de vie dans les tranchées étaient extrêmement dures. Les soldats devaient faire face à la boue, aux rats, aux maladies et au manque de nourriture. La vie dans les tranchées était marquée par une alternance de périodes d’ennui intense et de combats violents lors des assauts. Les tranchées étaient souvent situées à proximité immédiate des lignes ennemies, parfois seulement à quelques centaines de mètres, créant un no man’s land meurtrier entre les deux camps.
Impact sur la Guerre
Cette forme de guerre a conduit à une guerre d’usure où la victoire dépendait de la capacité à épuiser les ressources humaines et matérielles de l’adversaire. Des batailles telles que Verdun et la Somme sont devenues synonymes de cette guerre statique et des pertes massives qu’elle engendrait. À la fin de la guerre, des millions de soldats avaient perdu la vie, et les paysages européens portaient les cicatrices profondes de ces combats.

Premiere guerre mondiale 1914-1918 (1914 , 1918 , 14-18) : groupe de soldats francais dans une tranchee de reserve. Photographie envoyee par un soldat depuis le front en 1916. Sur ce cliche, trois des militaires tiennent en main un carnet, l’un d’eux est en train d’ecrire – correspondance, cigarette, vie dans les tranchees- ©Gusman/Leemage La Guerre de Tranchées en Ukraine
Contexte du Conflit
Le conflit ukrainien, débuté en 2014 après l’annexion de la Crimée par la Russie et le soulèvement des séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, a rapidement évolué en une guerre conventionnelle. Les forces ukrainiennes et les séparatistes, soutenus par la Russie, se sont affrontés principalement dans les régions de Donetsk et Louhansk, où le terrain et la nature du conflit ont favorisé le retour aux tactiques de tranchées.
Construction et Caractéristiques des Tranchées Modernes
Les tranchées en Ukraine diffèrent de celles de la Première Guerre mondiale par leur conception et leur équipement. Alors que les tranchées de 1914-1918 étaient souvent creusées à la hâte et fortifiées de manière rudimentaire, les tranchées modernes en Ukraine sont plus sophistiquées. Elles incluent des postes de tir, des bunkers en béton, des tunnels souterrains pour le transport de matériel et de troupes, ainsi que des abris renforcés pour se protéger des bombardements aériens et d’artillerie.

Avantages et Inconvénients
Les tranchées offrent une protection significative contre les attaques directes, en particulier contre l’artillerie lourde et les frappes aériennes, qui sont omniprésentes dans le conflit ukrainien. Cependant, elles ont aussi leurs inconvénients. Les conditions de vie pour les soldats restent difficiles, et le risque de pertes massives lors des attaques est toujours présent. De plus, le réseau de tranchées peut être une cible pour les drones de reconnaissance et les frappes de précision modernes.
Raisons du Retour aux Tranchées
Terrain et Logistique
Le terrain de l’Est de l’Ukraine, essentiellement plat et ouvert, se prête particulièrement bien à la construction de tranchées. Ce type de terrain, combiné à la ligne de front relativement stable, a poussé les deux camps à fortifier leurs positions. Les tranchées permettent de créer des lignes défensives solides, limitant la capacité de l’ennemi à avancer rapidement.
Guerre d’Usure
Le conflit ukrainien s’est transformé en une guerre d’usure, où chaque camp cherche à épuiser les ressources humaines et matérielles de l’autre. Dans ce contexte, les tranchées permettent de maintenir des positions sur le long terme tout en minimisant les pertes. Elles offrent un refuge contre les attaques et permettent de lancer des offensives limitées et ciblées.
Technologie Moderne
L’introduction de nouvelles technologies de guerre, comme les drones de reconnaissance et les frappes de précision, a changé la nature des combats. Les tranchées modernes sont souvent équipées de systèmes de surveillance sophistiqués et de défenses contre les drones, rendant les tranchées plus résistantes et adaptées aux combats contemporains. Ces technologies permettent aussi de coordonner les attaques et de minimiser les pertes.

Données Chiffrées et État des Lieux
Extension du Réseau de Tranchées
D’après des rapports de l’Institut pour l’étude de la guerre (ISW), le front de l’Est de l’Ukraine est marqué par un réseau de tranchées s’étendant sur environ 400 kilomètres. Ces tranchées serpentent à travers les régions de Donetsk et Louhansk, créant des zones fortifiées complexes. Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont également signalé une augmentation significative des constructions défensives depuis 2015, avec des milliers de kilomètres de tranchées supplémentaires creusées des deux côtés.
Conditions de Vie et Pertes
Les conditions de vie pour les soldats dans ces tranchées modernes restent difficiles, bien que certaines améliorations aient été apportées par rapport à la Première Guerre mondiale. Les tranchées sont souvent renforcées par des structures en béton et équipées de systèmes de drainage pour réduire les problèmes de boue. Malgré cela, les soldats doivent encore faire face à des conditions climatiques rigoureuses, au manque de confort et à un stress psychologique intense.
Les pertes humaines dans ce conflit sont élevées. En 2023, on estime qu’entre 500 et 4000 soldats sont tués ou blessés chaque mois sur la ligne de front. Ces chiffres comprennent à la fois les forces ukrainiennes et les forces russes. L’usage intensif de l’artillerie et des frappes de drones a contribué à ces pertes, malgré les protections offertes par les tranchées.

Les Tactiques et Stratégies Employées
Défense et Fortification
Les tranchées modernes en Ukraine ne sont pas simplement des fossés creusés dans le sol. Elles représentent des systèmes défensifs sophistiqués intégrant des bunkers, des abris souterrains et des positions de tir fortifiées. Les ingénieurs militaires des deux côtés utilisent des matériaux modernes pour renforcer ces structures, les rendant résistantes aux bombardements et aux frappes aériennes.
En plus des défenses physiques, les tranchées sont souvent équipées de systèmes de surveillance avancés, y compris des caméras et des capteurs de mouvement, pour détecter toute tentative d’infiltration ou d’attaque surprise. Les drones de reconnaissance jouent également un rôle crucial en fournissant des informations en temps réel sur les mouvements ennemis.

Offensive et Contre-Offensive
Les attaques depuis les tranchées sont soigneusement planifiées et souvent limitées à des raids de petite envergure visant à affaiblir les positions ennemies sans engager une offensive à grande échelle. Les commandants militaires utilisent les tranchées comme bases pour lancer des attaques surprises, souvent soutenues par des barrages d’artillerie et des frappes de drones.
Les contre-offensives visent à regagner des positions perdues ou à perturber les lignes de ravitaillement ennemies. Ces opérations sont généralement complexes et nécessitent une coordination précise entre les différentes unités militaires. Les drones et les systèmes de communication modernes permettent une telle coordination, augmentant l’efficacité des offensives.
L’Impact Humain et Psychologique
La Vie des Soldats
La vie dans les tranchées modernes, bien que techniquement améliorée par rapport à celle des soldats de la Première Guerre mondiale, reste éprouvante. Les soldats doivent faire face à des périodes prolongées d’isolement, à des conditions climatiques extrêmes et à la menace constante d’attaques. Le stress psychologique est intense, avec des périodes de calme apparent souvent suivies de combats violents.
Les soldats souffrent également de maladies liées aux conditions de vie dans les tranchées, comme les infections respiratoires et les problèmes de santé mentale. Les services médicaux des deux côtés font de leur mieux pour fournir des soins, mais les conditions du front rendent souvent difficile l’accès aux traitements appropriés.
Les Civils et la Ligne de Front
Les tranchées ne sont pas seulement un problème pour les soldats. Les civils vivant à proximité de la ligne de front subissent également les conséquences de cette guerre de tranchées. Les bombardements fréquents et les combats constants forcent de nombreux habitants à fuir leurs maisons, créant des vagues de déplacés internes. Ceux qui restent vivent dans des conditions précaires, souvent sans accès à des services de base comme l’eau, l’électricité et les soins médicaux.

Comparaison avec la Première Guerre Mondiale
Similarités
La guerre de tranchées en Ukraine présente de nombreuses similarités avec celle de la Première Guerre mondiale. Les deux conflits montrent comment les tranchées peuvent transformer un champ de bataille en une ligne de front statique, où chaque camp tente de saper les défenses de l’autre par des attaques d’artillerie et des assauts limités.
Les conditions de vie difficiles, les maladies et le stress psychologique sont des éléments communs. La guerre d’usure, caractérisée par des pertes élevées et des avancées territoriales minimes, est une autre similitude notable.
Différences
Cependant, il existe aussi des différences marquées entre ces deux périodes. Les tranchées modernes sont mieux équipées et construites de manière plus sophistiquée, avec des matériaux et des technologies modernes. L’utilisation des drones et des systèmes de surveillance est une innovation majeure qui n’existait pas au début du 20ème siècle.
La nature des armements a également évolué. Les armes de précision et les systèmes de guidage modernes rendent les tranchées plus vulnérables à certains types d’attaques, mais elles offrent aussi de nouvelles opportunités pour la défense.
Conséquences Stratégiques et Politiques
Influence sur le Conflit
Le retour des tranchées a une influence significative sur le déroulement du conflit en Ukraine. Il contribue à la stagnation de la ligne de front, rendant difficile pour l’un ou l’autre camp de remporter une victoire décisive. Cette stagnation prolonge le conflit et exacerbe les souffrances des populations locales.
La guerre de tranchées rend également plus complexe toute tentative de négociation ou de cessez-le-feu, car les positions fortifiées créent des zones de conflit permanent difficilement démantelables sans un accord politique robuste.
Implications pour l’Avenir
L’utilisation des tranchées dans le conflit ukrainien pourrait influencer les futures doctrines militaires. Les armées du monde entier observeront de près l’efficacité de ces tactiques dans un conflit moderne, en tirant des leçons sur la manière d’intégrer des technologies anciennes et nouvelles pour maximiser l’efficacité défensive.
Conclusion
Le retour de la guerre de tranchées dans le conflit ukrainien illustre que certaines stratégies militaires, bien que vieilles de plus d’un siècle, peuvent encore être pertinentes aujourd’hui. Les tranchées modernes, améliorées par les technologies contemporaines, montrent une adaptation ingénieuse aux réalités du champ de bataille ukrainien. Cependant, les souffrances humaines et les pertes massives qui en résultent rappellent brutalement les horreurs de la guerre de tranchées d’antan. Alors que le conflit continue, il est crucial de comprendre ces dynamiques pour envisager des solutions qui puissent mettre fin aux hostilités et soulager les souffrances des populations touchées.
Sources :
- Institute for the Study of War, Rapport 2023 sur les opérations en Ukraine.
- OSCE, Rapports de la mission spéciale d’observation en Ukraine, 2023.
- Ministère de la Défense de l’Ukraine, Statistiques des pertes, 2023.
- United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR), Rapports sur les déplacés internes, 2023.
- International Crisis Group, Analyses du conflit en Ukraine, 2023.
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Pneumothorax Sous Tension : Diagnostic Pré-hospitalier et Intervention Rapide

Le pneumothorax sous tension est une urgence médicale critique qui nécessite une intervention rapide et efficace. Dereck CARRILLO, formateur-consultant, explorera en profondeur les méthodes de diagnostic pré-hospitalier de cette condition potentiellement fatale.
Qu’est-ce que le Pneumothorax Sous Tension ?
Un pneumothorax sous tension se produit lorsque l’air s’accumule dans la cavité pleurale et exerce une pression croissante sur les poumons et le cœur, compromettant ainsi la fonction respiratoire et la circulation sanguine. Cette situation peut rapidement devenir fatale si elle n’est pas traitée immédiatement. Contrairement à un pneumothorax simple, un pneumothorax sous tension entraîne un déplacement des structures médiastinales, ce qui peut causer une compression grave des vaisseaux sanguins et une détresse respiratoire aiguë.

Radio du thorax montrant un PNO sous tension (gauche de l’image) Signes et Symptômes du Pneumothorax Sous Tension
Signes Cliniques
Les signes cliniques d’un pneumothorax sous tension sont souvent dramatiques et nécessitent une reconnaissance immédiate par les premiers intervenants.
- Dyspnée Sévère : La dyspnée ou difficulté respiratoire est souvent le premier signe alarmant. Elle se manifeste par une respiration rapide et superficielle due à l’incapacité du poumon affecté à se gonfler correctement. Selon une étude, environ 90% des patients présentent une dyspnée sévère.
- Douleur Thoracique : Une douleur thoracique soudaine et intense du côté affecté est fréquente. Cette douleur peut irradier vers l’épaule ou le bras, ajoutant à la confusion diagnostique avec d’autres conditions comme l’infarctus du myocarde.
- Tachycardie : Une fréquence cardiaque rapide (généralement supérieure à 100 battements par minute) peut être observée. La tachycardie est une réponse compensatoire à l’hypoxie et à la diminution du retour veineux.
- Hypotension : La pression artérielle peut chuter en raison de la compression des structures cardiaques, menant à un état de choc. Les études montrent que l’hypotension est présente dans environ 70% des cas de pneumothorax sous tension.
- Distension des Veines Jugulaires : Les veines du cou peuvent apparaître gonflées en raison de l’augmentation de la pression intrathoracique et de la compression de la veine cave supérieure.
- Déviation de la Trachée : La trachée peut être déplacée du côté opposé au pneumothorax. Bien que ce soit un signe classique, il apparaît généralement tardivement et ne doit pas être attendu pour confirmer le diagnostic.

Schéma explicatif du PNO sous tension Signes à l’Auscultation et à la Percussion
Les professionnels de la santé utilisent l’auscultation et la percussion pour identifier les anomalies respiratoires.
- Absence de Murmure Vésiculaire : L’absence de bruits respiratoires sur le côté affecté est un signe clé. Cela est dû à l’effondrement du poumon qui empêche le passage de l’air.
- Hypersonorité : Un son creux à la percussion de la poitrine indique la présence d’air dans la cavité pleurale. Ce son est similaire à celui produit en frappant sur un tambour, ce qui contraste avec le son mat typique d’une poitrine saine.
Diagnostic Pré-Hospitalier
Le diagnostic pré-hospitalier du pneumothorax sous tension repose principalement sur l’examen clinique et l’anamnèse. Les professionnels de santé doivent être formés pour reconnaître rapidement les signes et symptômes clés, car chaque minute compte dans la gestion de cette urgence.
Utilisation de l’Échographie
L’échographie portable est de plus en plus utilisée dans le cadre pré-hospitalier pour diagnostiquer le pneumothorax sous tension. Elle offre l’avantage de la rapidité et de la précision sans nécessiter de radiations ionisantes. Une étude menée par Blaivas et Lyon (2006) a montré que l’échographie thoracique avait une sensibilité de 92% et une spécificité de 99% pour le diagnostic de pneumothorax.
Techniques d’Échographie
- Mode B : Utilisé pour visualiser les mouvements du poumon et détecter l’absence de « sliding sign » (glissement pleural), un indicateur de pneumothorax.
- Mode M : Permet d’évaluer la présence de la « stratosphere sign » ou « bar code sign », caractéristique d’un pneumothorax.
L’utilisation d’une échographie portable par les équipes pré-hospitalières a montré une réduction significative des erreurs de diagnostic et des délais de traitement, améliorant ainsi les taux de survie.

Echographie à la recherche d’un pneumothorax, identification de l’espace intercostal Importance de la Rapidité d’Intervention
Selon les données de l’American College of Emergency Physicians, un pneumothorax sous tension non traité peut entraîner la mort en quelques minutes à quelques heures. La mortalité peut atteindre 100% en l’absence de traitement, mais avec une intervention rapide, la survie peut dépasser 90%.
Traitement Pré-Hospitalier
Le traitement d’urgence du pneumothorax sous tension est la décompression à l’aiguille, suivie, si nécessaire, d’une thoracostomie en milieu hospitalier.
Décompression à l’Aiguille
- Site de Ponction : La deuxième espace intercostal, ligne médio-claviculaire, est le site traditionnel. Cependant, des études récentes suggèrent que le cinquième espace intercostal, ligne axillaire antérieure, pourrait être une alternative plus sûre en raison d’une moindre épaisseur de la paroi thoracique.
- Technique : Utiliser une aiguille de calibre 14G-16G pour percer la paroi thoracique et libérer l’air sous pression. Une étude a révélé que la décompression à l’aiguille réussissait à stabiliser 80% des patients en situation pré-hospitalière.

Aiguille d’exsufflation, un indispensable dans vos IFAKs avancées Complications et Échecs
La décompression à l’aiguille n’est pas sans risques. Les complications peuvent inclure :
- Lésion de l’artère sous-clavière ou des vaisseaux intercostaux
- Pneumothorax persistant ou récurrent
- Infection locale
Un taux d’échec de 15-25% est documenté, souvent dû à une mauvaise technique ou à l’inadéquation de la longueur de l’aiguille pour pénétrer la cavité pleurale chez les patients obèses.
Thoracostomie
En milieu hospitalier, une thoracostomie (insertion d’un drain thoracique) est souvent nécessaire après la décompression initiale pour assurer la ré-expansion continue du poumon et prévenir la récurrence.
- Site d’Insertion : Généralement dans le cinquième espace intercostal, ligne axillaire moyenne.
- Technique : Une incision est faite, suivie de l’insertion d’un tube thoracique connecté à un système de drainage sous eau.
Les données montrent que la thoracostomie a un taux de succès supérieur à 95% pour la résolution complète du pneumothorax sous tension.

Formation et Préparation des Intervenants
La formation continue des intervenants pré-hospitaliers est cruciale pour garantir des diagnostics rapides et précis. Les programmes de formation doivent inclure :
- Reconnaissance des Signes Cliniques : Formation sur les signes et symptômes du pneumothorax sous tension.
- Techniques de Décompression : Ateliers pratiques pour la décompression à l’aiguille et la gestion des complications.
- Utilisation de l’Échographie : Formation sur l’utilisation et l’interprétation de l’échographie portable.
Simulation et Exercices Pratiques
Des exercices de simulation réguliers permettent aux intervenants de pratiquer leurs compétences dans un environnement contrôlé. Une étude a montré que les intervenants ayant participé à des simulations de haute fidélité avaient des taux de succès plus élevés et des temps de réaction plus rapides lors des vraies urgences.
Statistiques et Données Chiffrées
Pour mieux comprendre l’impact et la gestion du pneumothorax sous tension, voici quelques données chiffrées clés :
- Incidence : Environ 1-2% des traumatismes thoraciques graves entraînent un pneumothorax sous tension.
- Mortalité : Sans traitement, la mortalité peut atteindre 100%. Avec une intervention rapide, la survie peut dépasser 90%.
- Efficacité de l’Échographie : Sensibilité de 92% et spécificité de 99% pour le diagnostic de pneumothorax.
- Succès de la Décompression à l’Aiguille : 80% de succès en pré-hospitalier.
- Échecs et Complications : 15-25% de taux d’échec, souvent dû à une mauvaise technique ou à l’inadéquation de la longueur de l’aiguille.
Conclusion
Le diagnostic pré-hospitalier du pneumothorax sous tension est crucial pour sauver des vies. Les professionnels de santé doivent être bien formés pour identifier rapidement les signes cliniques et utiliser les outils diagnostiques disponibles, comme l’é
chographie portable. Une intervention rapide et appropriée, telle que la décompression à l’aiguille, peut faire la différence entre la vie et la mort.
Pour rester informé des dernières avancées et pratiques en médecine d’urgence, suivez notre blog et partagez vos expériences et questions dans les commentaires ci-dessous.
Sources
- American Journal of Emergency Medicine
- American College of Emergency Physicians
- Journal of Trauma and Acute Care Surgery
- Blaivas, M., & Lyon, M. (2006). “A prospective comparison of supine chest radiography and bedside ultrasound for the diagnosis of traumatic pneumothorax.” Acad Emerg Med.
- American College of Surgeons. (2018). “Advanced Trauma Life Support (ATLS) Student Course Manual.”
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Diagnostic Préhospitalier du Choc Hypovolémique : Importance et Outils

Le choc hypovolémique, caractérisé par une diminution significative du volume sanguin circulant, constitue une urgence médicale nécessitant une intervention rapide. Ce choc peut résulter d’hémorragies massives, de pertes liquidiennes importantes (brûlures sévères, vomissements, diarrhées) et, sans une prise en charge adéquate, il peut mener à une défaillance multiviscérale. Cet article offre aux professionnels de santé des outils pratiques et des données chiffrées pour établir un diagnostic précis du choc hypovolémique hors cadre hospitalier, en incluant les différentes phases de ce choc.
Épidémiologie et Importance du Diagnostic Précoce
Les statistiques montrent l’urgence d’identifier rapidement un choc hypovolémique. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les traumatismes hémorragiques sont responsables de près de 1,9 million de décès annuels dans le monde. Aux États-Unis, les hémorragies non contrôlées représentent environ 30 à 40 % des décès traumatiques. La reconnaissance rapide des signes de choc hypovolémique peut significativement améliorer les taux de survie.

Phases du Choc Hypovolémique
Le choc hypovolémique se déroule en plusieurs phases, chacune caractérisée par des signes cliniques spécifiques :
- Phase Initiale (Compensée) :
- Signes cliniques : Tachycardie modérée, légère tachypnée, anxiété, soif.
- Mécanisme : L’organisme tente de compenser la perte de volume par la vasoconstriction périphérique et l’augmentation de la fréquence cardiaque pour maintenir la perfusion des organes vitaux.
- Pression artérielle : Souvent normale ou légèrement diminuée.
- Phase Progressive (Décompensée) :
- Signes cliniques : Hypotension marquée, tachycardie sévère, tachypnée, peau froide et moite, agitation ou confusion, oligurie.
- Mécanisme : Les mécanismes compensatoires deviennent insuffisants, entraînant une diminution de la perfusion tissulaire et une hypoxie des organes.
- Pression artérielle : Diminuée de façon significative.
- Phase Réfractaire :
- Signes cliniques : Hypotension sévère persistante, bradycardie (signes de défaillance cardiaque imminente), respiration superficielle, coma, anurie.
- Mécanisme : Défaillance circulatoire irréversible, entraînant des dommages cellulaires permanents et la défaillance multiviscérale.
- Pression artérielle : Critiquement basse, souvent non mesurable.
Signes Cliniques et Paramètres Vitaux
Le diagnostic clinique repose sur l’identification de signes vitaux et de symptômes indicatifs de la perte de volume. Les manifestations typiques incluent :
- Hypotension : Pression artérielle systolique < 90 mmHg.
- Tachycardie : Fréquence cardiaque > 100 battements par minute.
- Tachypnée : Fréquence respiratoire > 20 respirations par minute.
- Pâleur, moiteur et froideur de la peau : Témoins de vasoconstriction périphérique.
- Altération de l’état mental : Confusion, agitation ou léthargie.
- Oligurie : Débit urinaire < 0,5 ml/kg/h chez l’adulte.
Évaluation Initiale
Une évaluation rapide et continue des signes vitaux et de l’état clinique est essentielle. Les outils suivants sont recommandés pour une évaluation efficace :
- Score de Glasgow : Évaluer l’état de conscience du patient.
- Dispositifs de monitoring portables : Mesurer la saturation en oxygène et la pression artérielle.
- Échographie FAST (Focused Assessment with Sonography for Trauma) : Identifier rapidement les hémorragies internes.
Signes Spécifiques et Réponse au Traitement
Le diagnostic du choc hypovolémique peut également se baser sur la réponse du patient aux interventions initiales. Une absence de réponse à un bolus initial de cristalloïdes isotoniques peut indiquer un choc sévère nécessitant une intervention plus agressive. La pression artérielle systolique < 90 mmHg et la fréquence cardiaque > 120 battements par minute après l’administration de fluides sont des indicateurs d’un choc hypovolémique persistant.

Utilisation des Scores de Gravité
Des scores de gravité tels que le Revised Trauma Score (RTS) et le Shock Index (SI, calculé comme le ratio de la fréquence cardiaque à la pression artérielle systolique) peuvent être utilisés pour affiner le diagnostic. Un Shock Index > 0,9 est fortement suggestif d’un choc hypovolémique.

Conclusion
Le diagnostic préhospitalier du choc hypovolémique repose sur une évaluation rapide des signes cliniques, l’utilisation d’outils de monitoring portables et une réponse appropriée aux interventions initiales. Une prise en charge rapide et efficace peut significativement améliorer le pronostic des patients. Les professionnels de santé doivent être formés à reconnaître rapidement les signes de choc hypovolémique et à suivre des protocoles standardisés pour optimiser les chances de survie.
Références
- Organisation Mondiale de la Santé (OMS). « Global status report on road safety 2018. »
- American College of Surgeons. « Advanced Trauma Life Support (ATLS) Student Course Manual, » 10th Edition, 2018.
- National Institute for Health and Care Excellence (NICE). « Trauma: assessment and management of trauma, » 2016.
- Kauvar, David S., et al. « Impact of hemorrhage on trauma outcome: an overview of epidemiology, clinical presentations, and therapeutic considerations. » Journal of Trauma and Acute Care Surgery, vol. 60, no. 6, 2006.
- Phase Initiale (Compensée) :
